Asseyez-vous bien au fond de votre siège, les genoux bien serrés afin que la barre de sécurité puisse se fermer correctement. Tout le monde est prêt ? Alors en route pour les attractions les plus démentielles qui n'aient jamais existé dans un parc à thème. La nacelle de Rollercoaster Tycoon 3 prend son départ et gigote dans tous les sens, toute fière d'être maintenant en 3D. A coups de loopings, de virages surélevés, et de force G dans l'estomac, le jeu d'Atari nous conduit tout droit vers le septième ciel du Grand 8.
Hautement populaire parmi les jeux de gestion, la série Rollercoaster Tycoon n'avait pas su maintenir constant son niveau d'intérêt en raison de son obstination à rester ancré dans le passé. Les nouveautés techniques apportées par le second volet et par ses deux add-ons ne suffisaient pas à faire passer la pilule de la réalisation vieillissante, peu adaptée au genre, il faut le dire. Tout, ou presque, était là, ne manquait qu'un petit effort à donner du côté de l'ergonomie. Ce ravalement de façade arrive enfin avec le troisième volet. Rollercoaster Tycoon 3 arrive sur PC et on ne voit plus la série du même oeil. Pourtant, le contenu reprend en bonne partie tout des deux premiers jeux. Comme toujours, on se retrouve propulsé seul à la tête d'un parc d'attractions, avec les pleins pouvoirs pour le diriger de la façon souhaitée. La seule limite est donnée par notre portefeuille, puisque c'est lui qui nous permet d'acheter de nouveaux manèges, d'embaucher du personnel (gardiens, techniciens, agents de sécurité), d'investir dans quelques éléments de décor ou de financer la recherche pour concevoir de nouvelles réjouissances (attractions, stands, etc.). Le concept est archi connu, en fait depuis la sortie de Theme Parc, il n'a que peu évolué. Pourtant, même en terrain familier, Rollercoaster Tycoon parvient à nous surprendre. Si, si, je vous assure.
En premier lieu, on est surpris par la refonte graphique. Désormais en 3D, Rollercoaster Tycoon parvient enfin à se débarrasser de son esthétique si rédhibitoire. Bien plus sexy, le jeu peut maintenant prétendre charmer les joueurs jusque là peu attirés par l'affaire. Quelque soit le thème choisi pour son parc (western, futuriste, horreur, aquatique, aventure), le jeu nous fait profiter de tout plein de petits détails qui rendent les environnements parfaitement vivants à défaut d'être toujours réalistes. On note bien sûr les arbres qui dansent sous l'effet du vent, ou la météo qui vient mettre son grain de sel, mais c'est au travers de détails plus insignifiants qu'on remarque un vrai changement. Lorsqu'on caresse l'eau du curseur, on provoque des ondes à sa surface. Lâcher un visiteur dans la flotte et il nagera jusqu'au bord pour aller se sécher non sans vous avoir fait part de son mécontentement.
La 3D n'est pas qu'un effet d'esbrouffe pour nous en mettre plein les yeux, elle se met aussi au service du gameplay lorsqu'il s'agit de construire ses propres attractions. En zoomant à volonté, ou pivotant l'objectif, en tournant autour de la zone de jeu, on se rend vraiment compte de ce qu'on est en train de faire. Finis les problèmes de lisibilité inhérents à cette ancienne vue isométrique qui nous gâchait tant la vie. Puisque nous y sommes, les outils de construction sont les mêmes que ceux qu'on utilisait auparavant, mais du fait de cette caméra libre, on semble complètement les redécouvrir sous un jour nouveau. Petit plus concernant les circuits des montagnes russes, on peut désormais associer des évènements prédéfinis en plaçant des capteurs / déclencheurs sur le parcours. Que ce soit simplement pour prendre une photo souvenir des passagers ou pour mettre en route un automate au bord des rails (attaque de dinosaure, tremblements de terre, explosion d'un puits de pétrole...). Bien entendu, la custumisation des attractions intègre un atelier de coloriage afin d'intégrer subtilement le manège au reste du parc. On peut également définir le nombre de nacelles, la vitesse de propulsion, le prix de l'attraction, sa durée, lancer des tests pour vérifier qu'elle répond aux normes de sécurité. Bref, Rollercoaster Tycoon 3 ne lésine pas sur les paramètres pour assouvir la moindre de nos envies.
On pouvait craindre que ce déluge de paramètres à gérer soit classé dans des menus et des sous-menus interminables, mais il n'en est rien. L'interface est extrêmement claire. Les grosses pop-up carrées ont été troquées contre des menus plus design, qui peuvent se ranger discrètement dans un coin afin de les avoir toujours à portée de main. Je pense par exemple au menu de construction de chemin, extrêmement utile en début de partie. Plutôt que d'aller le chercher toutes les trente secondes, il suffit de le minimiser dans le coin supérieur droit de l'écran. Bien plus pratique. Cette simplicité d'utilisation se retrouve dans le moindre aspect du jeu. Même l'éditeur de spectacles pyrotechniques (une nouveauté de ce troisième épisode) se manie avec souplesse et beaucoup de liberté. Dans le Fireworks Mixmaster, on place les effets que l'on veut déclencher, on choisit sa musique (un MP3 perso peut très bien faire l'affaire) et on fait en sorte que le spectacle soit le plus joli possible en variant sur la durée de chaque effet. Le résultat est particulièrement réussi lorsque vient la tombée de la nuit et que votre parc est plongé dans la pénombre.
S'il ne fallait retenir qu'une chose de ce nouveau Rollercoaster Tycoon, ce serait certainement sa nouvelle approche graphique, la 3D lui va à ravir. Non seulement, elle influe réellement sur la jouabilité, la rendant plus facile à maîtriser, mais elle permet de tester chaque attraction comme si on y était. Les virées sont assez réalistes, merci aux graphismes mais aussi à l'ambiance sonore. Les bruits des rails, les cris des visiteurs, les musiques festives... tout cela nous met dans le bain. On retrouve vite notre âme d'enfant. Toute la difficulté est alors de ne pas perdre entièrement la tête et de rester bon gestionnaire jusqu'au bout pour terminer la vingtaine de scénarios prévus par les développeurs. Si malgré tout, on ne pense qu'à s'amuser, il reste toujours l'option bac à sable pour construire son parc de bout en bout et profiter de chaque manège autant qu'on le souhaite.
Les notes
Graphismes15/20
Rollercoaster troisième du nom nous fait rapidement oublier l'ancien mode de représentation de la série. La 3D était un passage obligé pour que le jeu puisse respirer et s'offrir sous son meilleur jour. On y gagne en détails, aussi bien pour les décors que pour les attractions ou les visiteurs. Les essais d'attractions s'avèrent aussi très concluants grâce à une animation fluide et une physique qui reproduit fidèlement chaque mouvement de la machine testée.
Jouabilité17/20
L'interface a elle aussi subi un léger lifting pour la rendre plus colorée (façon Win XP) et donc plus attrayante. La construction de montagnes russes se montre extrêmement complète et simple d'accès. Rien à redire, c'est nickel. Le fait de pouvoir garder chaque menu à portée de la main est bien pratique.
Durée de vie16/20
Le jeu présente une vingtaine de scénarios qui comportent chacun trois niveaux de difficulté. Il y a aussi un mode bac à sable pour construire son parc du début et le faire évoluer petit à petit, suivant les ressources financières dont on dispose.
Bande son14/20
Suivant la hauteur de la caméra, le son change. Je m'explique, lorsque vous reculez la focale pour observer votre parc des airs, vous entendrez une musique d'ambiance plutôt reposante. Approchez-vous et elle s'estompera pour laisser place aux cris des visiteurs et aux bruits des attractions. C'est plutôt bien vu. A noter qu'il est possible d'importer ses MP3 dans le jeu.
Scénario/
-
Rollercoaster Tycoon 3 retrouve sans discuter sa place de meilleur jeu de gestion de parcs d'attractions. Extrêmement complet, et pour une fois bien joli, ce troisième volet ravira tous les joueurs déçus par les derniers add-on un peu légers.
Note de la rédaction
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